POLITEIA : Hymne aux Gilets jaunes
En ces temps troublés et de confinement, n'oublions pas les combats à mener. À diffuser largement.
Un grand merci à Monsieur K pour la musique qu'il a réalisée dans des conditions de confinement improbables, et aux différents photographes de m'avoir gracieusement prêté leurs œuvres pour cette occasion.
https://www.youtube.com/channel/UCLlyo2t4Uj1FRujN_-RRvBQ
http://hanslucas.com
PAROLES : Hymne aux Gilets jaunes
Le temps était au gris, l’humeur était au jaune.
Macron avait fini de nettoyer la zone.
Élu un an plus tôt par quelques doux rêveurs,
Il avait fait le beau, s’imposant en meneur.
Les partis étaient morts, le sien seul triomphait,
Un monopole en or dont bien peu s’inquiétaient.
La jeunesse et l’ardeur, l’habit et le phrasé
Donnaient de la rondeur à ses moindres décrets.
Il avait ses soutiens, il en dispose encore :
Financiers, comédiens, technocrates et consorts.
On peut en dire autant de trop nombreux penseurs
Qui – ces faux bienveillants – ont la plèbe en horreur.
« De satanés Français, ploucs, pécores et péquenauds »,
Ces êtres enracinés rechignant au Nouveau,
Ont à leurs yeux le tort, si ce n’est le défaut,
D’être attachés encore à de vieux oripeaux.
État, cultes tradi, frontières et populo,
Cette France est moisie nous disent les bobos.
Rousseau, déjà, voyait dans ces cosmopolites
Une classe gâtée, de parfaits hypocrites.
Dans le prolongement de tous ses devanciers,
Macron est le ferment d’une France absorbée,
D’un pays oublieux, laquais en Occident,
Sommé d’être à tous yeux patrie des repentants.
Conditionnés sont ceux qui ne se fient qu’aux urnes,
Conditionnés les gens s’abreuvant aux médias,
Conditionnés ceux que Jupiter enjôla,
L’astre au rayonnement théâtral et diurne.
C’est ici que le jaune s’incarne pleinement,
Dans ce soudain cyclone, ce ras-le-bol puissant,
La revanche rurale du peuple silencieux,
Local contre global, la terre contre les cieux.
Le bleu est périmé, le rose à l’agonie,
Le rouge est une farce, le vert un peu de bruit,
Le noir toujours comparse, le blanc fuit la bataille.
Seul le jaune, endiablé, investit la muraille.
Le jaune est juvénile de par la symbolique,
Couleur de l’abusé, du cocu magnifique,
C’est l’éternel radié des partis politiques,
Aux syndicats hostiles, il fait aussi la nique.
Il faut être envoûté, ô combien asservi
Pour ne pas remarquer que la « démocratie »
Telle que la conçoit le moindre député
Rend les gens aux abois et bien apprivoisés.
Où que nous regardions, les lobbies sont à l’œuvre,
Pas le moindre bastion qui n’ait pu s’en défaire,
Tous attachés à faire avaler des couleuvres.
Couvés en hautes sphères, le bruit est leur affaire.
Mais à ceux qui n’ont rien d’autre que leurs deux mains,
Leur talent, leurs erreurs, leur job et leur destin,
Discrets prolétariens, emblèmes en Hexagone,
Le réseau à l’honneur, ce sont les Gilets jaunes.
Mouvement inédit de la France au travail,
De celle qui subit l’avanie des puissants,
C’est l’espoir de tous ceux, traités comme bétail,
Qui, dès lors, impétueux, se muent en combattants.
Cette armée de sans-grades, si fiers et travailleurs,
Ouvriers, paysans, pompiers, instituteurs,
Ces Français méritants, écœurés des scandales,
Portent aux barricades un nouvel idéal.
Pas de démocratie quand on est dépouillé
De force collective, de… sou-ve-rai-ne-té.
Le « RIC » en fait partie, certains l’ont bien compris.
Passons à l’offensive, et mettons-y le prix.
Violence, dites-vous, c’est ça ? Certes, il y en aura.
Elle est rendue propice par la canaillerie
Des élus, des médias, de tout ce ramassis :
Ils portent préjudice, appointés de surcroît.
À qui le roi impose omelette à tout repas,
Il ne peut reprocher les œufs cassés pour ça.
À trop manigancer dans le dos des Français,
C’est la moindre des choses de les voir courroucés.
De gauche comme de droite, on craint l’épidémie,
Et qu’un mal influent n’emporte le pays.
Méfiez-vous, bonnes gens, le « populisme » guette,
Aux gentils bureaucrates rendez vos allumettes !
Ces derniers se moquaient, dans tous les grands médias,
Que d’ulcérés larbins s’attardent aux ronds-points
Se plaignant du turbin, des deniers, de l’État,
Sur leurs heures chômées autour d’un verre de vin.
Maintenant ils ont peur, sentant le vent tourner,
Ils diabolisent en chœur, traquent les insurgés,
Se félicitent que d’autres gueux policiers
De nos maîtres pompeux se fassent les huissiers.
Assez domestiqués ! Réveillez-vous les gars !
Certains humbles, on le sait, peuvent écrire des lois.
Reformez des syndics, investissez l’État,
L’engagement civique doit reprendre ses droits.
Les seuls représentants qu’il nous faut à présent,
Doivent être dissuadés d’en faire leur métier.
Servir est honoré, se servir indécent.
Voilà l’esprit des grands, des guides magnifiés.
Le temps est encore gris, l’humeur est toujours jaune,
Car c’est le seul parti sérieux en Hexagone.
À celles et ceux qui veulent s’assumer sans subir,
Je dis « ouvrez vos gueules, le sort est à saisir ».